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ENTREVUE

Durant la pandémie, notre directeur François Daoust a contacté différentes personnes consacrées et prêtres pour leur poser des questions sur les changements vécus depuis le début de la crise.

Claude Paradis

Prêtre du diocèse de Montréal, curé de la rue, fondateur de Notre-Dame de la rue qui vient en aide aux personnes en situation d'itinérance à Montréal

Claude Paradis
Crédit photo : Facebook de Claude Paradis

Qu’est-ce qui a changé dans votre pratique, dans votre accompagnement depuis le début de l’épidémie?

Des pères de famille font maintenant la ligne dans la rue, ils ne reçoivent pas d’aide des banques alimentaires actuellement. Ils en ont besoin pour leurs enfants.  Aussi, il y a des gens qui ne comprennent pas ce qui se passe. La situation est particulièrement critique pour certaines personnes avec des problèmes de santé mentale qui ne peuvent pas comprendre.


Je reçois maintenaient des commentaires qui ne sont pas facile à entendre comme

« Nous sommes embarrés dehors »

« Le seul toit que j’aurai de toute ma vie sera le couvercle sur ma tête ».


Ce soir, nous donnerons des vêtements dans la rue et irons porter de la nourriture pour 200 personnes, avec l’aide de trois ou quatre bénévoles.

 

 

Nous savons que l’épidémie chez les personnes en situation d’itinérance est un enjeu important à Montréal. Pouvez-vous nous préciser les risques spécifiques pour ces personnes, et celles qui interviennent auprès d’elles?

On a peur de propagation auprès de cette population. Nous savons actuellement qu’il y a un décès à la maison du Père et au moins un autre cas connu chez ces personnes. À cause de la promiscuité dans les refuges, il n’y a pas de distanciation physique, les personnes sont entassées les unes sur les autres. Cela devient dangereux, on ne sait pas si on est porteur. Toute la situation devient compliquée. Mon évêque Mgr Christian Lépine me demande de continuer d’aller dans la rue pour être une présence d’Église dans la rue.

 

Comme prêtre, pourquoi est-il important pour vous d’accompagner ces personnes en situation d’itinérance?

D’abord, étant jeune, j’ai moi-même connu la rue. Je sais c’est quoi avoir faim. Ensuite, c’est mon ministère comme prêtre. Cela me comble d’être présent auprès d’eux. Je suis le curé de la rue, ces personnes sont mes paroissiens. Ce sont des gens que je porte dans mon cœur.


Une fois par année à l’automne, je tiens une messe pour les personnes décédées non réclamées. Je ne sais pas à quoi ça ressemblera cette année. S’il y a beaucoup de décès chez les sans-abris, il y aura beaucoup de funérailles à faire cet hiver.

 

Avez-vous peur d’attraper le coronavirus?

Non, pas pour moi. Mais des bénévoles ont arrêté, car eux avaient peur, et c’est bien normal. D’autres bénévoles  étaient plus âgés et ne pouvaient pas s’exposer. On prend nos précautions et on suit les instructions sanitaires à la lettre, surtout le lavage des mains.

 

Dans toute cette situation, quel « clin d’œil » Dieu vous fait-il?

Je vois plus d’entraide et de compassion. Lorsque je donne un sac de nourriture à quelqu’un, il l’ouvre et s’il voit un aliment qu’il aime moins, par exemple une boîte de sardines, il va faire du troc et aller l’échanger avec un aliment qu’un autre aime moins. Il y a plus d’entraide qu’avant et les gens font plus attention entre eux. C’est un phénomène que je remarque.

 

Quelle espérance vous anime?

Dieu est là. Toute la situation actuelle va s’ouvrir sur un plus, après le confinement. Nous serons plus attentifs aux autres. Les valeurs vont changer, j’espère, ou à tout de moins nous mettrons plus en pratique des valeurs que nous avons déjà, mais qui sont parfois plus discrètes.

 

Si un jeune se posait la question de la vocation à la prêtrise en accompagnement de personnes en situation d’itinérance, que lui diriez-vous?

N’ait pas peur ! [NDLR : comme disait saint Jean-Paul II] C’est un très beau ministère. Je me lève le matin et je suis content d’être prêtre et de commencer ma journée avec ces gens-là.  Il y a beaucoup de plaisir là-dedans. Par exemple, on me dit :

« Lorsqu’on rencontre un cardinal, on l’appelle votre éminence, mais vous c’est votre itinérance ».

Il y a besoin aussi dans ce ministère. À mon grand désarroi, il n’y a pas de relève.

 

 


Comment aider?

Vous pouvez apporter de la nourriture à la résidence de l’archevêché de Montréal (au 1071, rue de la cathédrale). Idéalement des fruits, des barres-tendres ou des conserves qui s’ouvrent avec une goupille (les personnes en situation d’itinérance n’ont pas d’ouvre-boîte).


Les personnes qui aimeraient se proposer comme bénévoles sont priées de contacter l’abbé Claude Paradis au 514-777-3009.

Vous pouvez aussi les porter dans vos prières, l’abbé Claude Paradis, les bénévoles et toutes les personnes en situation d’itinérance.

Site web

Article sur Aleteia du 9 février 2022 : Claude, le prêtre SDF qui sera à la rue jusqu’à sa mort

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